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"Net addict" ou "Le blog d'une intarissable bavarde"
4 avril 2008

Mon accouchement

Je m'aperçois que je n'en ai finalement pas encore parlé...

Tout juste un mois après je me décide à raconter ce qui s'est passé.


dimanche 2 mars, 3h30 du matin : je me réveille car je sens que je perd les eaux. ENFIN !! Nous sommes 4 jours après la date "DPA", donc on est super contents. Nous préparons nos affaires, on mange un morceau et départ pour la maternité. Là-bas, monitoring, calme plat côté contractions, rien du tout. Finalement on part dans ce qui sera ma chambre pour les prochains jours.
La journée passe, un peu de faux travail mais rien de concluant. Les sages femmes sont sympas, viennent quand elles ont le temps parler de notre projet de naissance qu'elles aiment bien... Bref, la journée passe, on s'impatiente et on s'ennuie aussi. Le soir arrive et on est déçus que rien ne ce soit passé !


Lundi 3 mars
: la nuit a été courte car angoissée de voir que ça n'avance pas, j'ai peur du déclenchement. Erwann gigote toujours bien, je profite de ces derniers moments avec mon fils dans mon ventre, m'attendant à le sentir bouger dans mes bras après ! La matinée passe, le gynécologue "grand chef" passe et dit que si rien ne se passe d'ici le lendemain matin, déclenchement à 8h. J'espère que mon fils va se décider à montrer le bout de son nez avant !
Une sage femme me conseille des exercices de respiration-poussée pour aider les contractions à venir, car en fait tout est réunit, mon col a travaillé... manquent plus que ces fichues contractions qui viennent parfois mais repartent aussi vite !
Vers 16h30, je commence à finalement avoir des contractions régulières, à la fois dans les reins et dans le ventre mais je m'en fous, ça fait un peu mal mais je suis si contente que ça démarre enfin !
L'après midi passe, les contractions se rapprochent et s'intensifient, les quelques examens montrent que mon col travaille, mais vraiment lentement, les fameux "1cm par heure", au moins je sais à quoi m'attendre, même si j'espère que ça ne va pas durer toute la nuit !

Mardi 4 mars :

  • à minuit, je demande à aller en salle de naissance car j'ai trop mal avec ces contractions "doubles qui font si mal, surtout celles dans les reins. Là bas je pourrai y profiter du gaz "protoxyde d'azote" pour me décontracter entre les contractions, car je suis tendue comme un arc !
  • 00h45 : je demande finalement la péridurale, à contre coeur ; mon col est à 5cm, je suis épuisée, je commence à paniquer, à ne plus gérer du tout avec ces contractions dans les reins qui me brûlent tellement (et je me dis que avec des contractions normales juste dans le ventre ça serait vraiment une balade cet accouchement !) . L'anesthésiste tente de la poser mais n'arrive pas à trouver l'espace pour piquer, au bout de 5 fois je dis "stop" et décide de faire sans car ça me stresse et je préfère ne pas trop bidouiller mon dos.
  • 3h45 : mon col est à 8cm... le temps passe lentement, c'est dur de gérer, je donnerais des fois 1 millions d'euros que je n'ai pas pour que ça se calme un peu (toujours ces contractions dans les reins !).
  • 4h30 : je dois m'allonger malgré tout sur la table d'accouchement car le protoxyde d'azote shoote pas mal et il faut refaire un monito car assise ça ne tient pas bien.
  • 4h54 : je commence à avoir envie de pousser, la sage femme regarde et je suis dilatée à 9cm. Mais elles ont du mal à trouver le coeur d'Erwann avec le monito. Moi je suis complètement dans les contractions et dans la douleur car la position est difficile, donc je ne vois pas que les choses deviennent inquiétantes. Elles appellent le gynéco qui décide de m'emmener faire une échographie, ils m'emmenent en brancard là bas, moi je ne comprend pas ce qu'il se passe, je ne comprend pas que mon fils est peut être en danger. Le gynéco ne trouve pas le coeur d'Erwann, quasi aucun battement... Les choses se précipitent : il faut faire sortir Erwann le plus vite possible, je suis dilatée à 10cm, mais paradoxalement je n'ai plus de contractions de poussées... Comme si mon corps avait compris que c'était trop tard !
  • On repart en salle d'accouchement, ils mettent tout le matériel sur la table pour me faire accoucher en position gynécologique, je panique complètement et leur en veux de ne pas m'entendre dire que je suis vannée, je ne comprend rien à ce qu'il se passe.
  • Et là ils me disent tous de pousser alors que je n'ai plus vraiment de contractions, j'en peux plus, je serre la main de Loïc à gauche, je demande celle de la sage femme à droite en me disant dans un coin de ma tête « pas de raison que je sois la seule à en chier ! » et je pousse, je pousse, je crie de toutes mes forces pour chercher la force au fond de moi, je crie de douleur, de rancoeur, d'amour pour mon fils, pour l'aider, je crie parce que j'ai l'impression que le gynécologue brutalise mon périnée, mais il mettait la ventouse pour tirer Erwann et gagner quelques précieuses secondes, je crie parce que la sage femme est debout sur mon ventre pour gagner aussi du temps, j'ai envie de laisser tomber, Loïc me regarde des larmes dans les yeux en me disant de pousser, que c'est pour notre fils, que c'est pour Erwann, et moi je ne sais plus rien, ni qui je suis, ni où je suis, c'est étrange... Tout ça a duré maximum 15minutes !!!
  • Et d'un coup je vois le gynécologue avec mon fils tout rose dans les bras, dans ma tête une voix me dit « il est rose donc ça va !! » . Il est 5h41. Ils l'emmènent dans la salle à côté pour le réanimer, et là d'un coup le calme revient, Loïc fond en larmes dans mes bras, et moi je ne pense qu'à une chose « je n'ai plus mal ! ». Je ne comprend pas qu'Erwann est sûrement mort, mon cerveau est complètement déconnecté.
  • Au bout de 20 minutes, le pédiatre sort de la salle en face et à son visage on comprend tout de suite qu'Erwann est décédé. Il vient, il nous explique qu'il a tout essayé. Nous sommes tous les deux Loïc et moi dans la salle d'accouchement, seuls... Lui pleure dans mes bras et je reste là, hagarde, déconnectée, sans pleurer, sans rien ressentir sauf que je me déteste de ne pas réagir normalement, je ne comprend pas ce manque de réaction, je m'en veux tellement !!!!

  • A un moment j'en peux plus d'attendre des contractions (pour expulser le placenta) qui ne viennent pas, je pousse, je pousse, je sens qu'un truc sort. Je demande à Loïc d'aller chercher la sage femme. Elle revient et dit qu'il est sortit mais à moitié. Elle m'aide, je pousse encore une fois et le placenta sort...

  • Et là, ¼ de seconde après, comme si me corps me disait qu'Erwann était vraiment entièrement sortit de moi, je fond en larmes et je pleure à en hurler, j'ai si mal dans la moindre parcelle de mon corps, je réalise que mon corps devait sortir de l'accouchement pour laisser mon coeur et mon cerveau accueillir la mort de mon fils, je pleure à n'en plus finir, j'ai envie de le serrer, j'ai envie de mourir, de tout casser, je ne sais plus, je suis mal je ne sais pas quoi faire je suis si désemparée... Je veux mon fils vivant près de moi, mais je sais que ça ne sera jamais possible !!! Loïc me serre contre lui, je ressens à la fois le soulagement de ne pas être si mauvaise comme je m'en voulais quelques minutes avant... Je suis au plus profond de moi, je n'ai pas de mot pour dire mes émotions de cet instant.



Après les soins, la cadre de santé nous demande si on veut qu'elle nous ramène Erwann. Je dis oui tout de suite, Loïc aussi. Le gynécologue arrive avec un petit paquet emballé d'une couverture dans ses bras, me montre mon fils si beau, je tend les bras, lui demande d'enlever cette couverture et je le prend contre ma peau, contre mes seins, tout contre ma chaleur. Un vague espoir idiot se dit que ça va l'aider à retrouver des battements de coeur...

Nous restons tous les trois dans notre bulle dans la salle d'accouchement... Je le dévore des yeux, je lui caresse le dos, je le regarde, je regarde ses pieds si grands, ses jolies mains, je suis contente de voir qu'il a pleins de petits cheveux noirs, je regarde son visage, je le respire, je le serre fort contre moi, son visage est si beau !!! Il a l'air à la fois serein et triste, j'aimerais tant voir ses petits yeux s'ouvrir, sa bouche laisser passer une respiration... Loïc nous regarde tous les deux, n'ose pas toucher Erwann. Il me dit qu'il a trop peur de s'attacher, il éclate et dit que je suis si belle avec son fils dans les bras... Petit à petit il lui caresse les doigts, la main, le dos... On reste tous les trois comme ça pendant deux heures, je lui fais des bisous, j'ai envie de lui donner toute la tendresse possible ! J'aimerais que Loïc le prenne dans ses bras mais je ne peux et ne veux pas le forcer, mais ça me ferait tellement plaisir de le voir avec son fils dans les bras. J'aimerais que la chaleur de ma peau le réchauffe. Mon petit coeur j'aimerais tant que tu vives !!! La cadre de santé vient nous voir et nous demande ce que nous souhaitons, rester encore un peu comme ça ou pas ? Elle ne nous embête pas du tout, on sait qu'on va devoir lui dire au revoir... j'accepte de lui laisser mon fils... Mais au dernier moment j'ai encore besoin de quelques secondes, quelques minutes, le couvrir de mes baisers, lui faire une dernière caresse... Elle repart avec beaucoup de respect. J'embrasse sa petite tête, son petit visage, ses petits cheveux, son corps, je m'envahis de lui... et là Loïc me demande si je veux qu'il le prenne pour le mettre dans la couverture... ça me fait un plaisir immense qu'il ait changé d'avis... Je fais un dernier baiser à mon petit amour, Loïc le prend tout doucement dans ses bras avec la couverture qu'il avait préparé et là il se relève, fier d'être papa, je pleure de le voir si beau avec Erwann dans les bras, j'ai à la fois tellement mal et tellement de joie de les voir tous les deux, c'est pour moi une évidence !

On reste encore quelques minutes tous les trois puis la cadre vient chercher Erwann avec le petit pyjama qu'on avait prévu pour lui, un pyjama bleu.

Puis je regarde la cadre de santé partir avec mon petit amour, le coeur en sang...


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Commentaires
L
Je viens de découvrir ton blog et l'épreuve que tu as subi. Inutile de te dire que je suis en larmes après ce récit... La mort d'un enfant, et encore plus à la naissance, est une chose à laquelle on ne pense jamais comme si cela était quelque chose appartenant aux époques passées. Hélàs cela arrive encore de nos jours et ton petit Erwann en est la preuve malheureusement.<br /> J'espère que ta grossesse et ton accouchement futur te redonneront de quoi sourire.
P
==>Il est 5h41. Ils l'emmènent dans la salle à côté pour le réanimer<br /> Pourquoi ? la seule chose à faire est de laisser le cordon ombilical sans le couper. La nature a prévu que le relai de l'oxygénation puisse être lent. Les détails que tu racontes sont effrayants.<br /> <br /> Nos deux enfants sont nés à la maison, sans assistance médicale, car me femme avait une peur bleue de la médicalisation.<br /> Notre deuxième est sorti difficilement, et elle est restée un bon moment sans respirer, avec le cordon qui battait encore. Puis le placenta est tombé tout seul ... quand c'était bon.<br /> Je pense que la médicalisation est inutile et nuisible statistiquement à la naissance. Au pays bas, 1 femme sur 3 accouche à la maison, et ils ont beaucoup moins de problèmes qu'en France.<br /> Attention, je ne juge pas, j'essaie juste de montrer des alternatives à la naissance industrielle (frédéric leboyer "pour une naissance sans douleur" et michel odent même si il a un peu pété les plombs en vieillissant). J'avais poté un truc mou il y a quelque temps, et là je vois que tu vas mieux alors je balance un peu.<br /> La naissance n'est pas une maladie ! c'est une acte sexuel 100% naturel, alors pourquoi autant d'acharnement de la part du corps médical ?
L
Arf j'ai relu mon commentaire et je me trouve un peu expéditive sur la fin j'espère ne pas t'avoir brusquée :(<br /> Ce n'était pas mon but je voulais juste avoir un côté positif.<br /> A bientôt.
L
Je suis venue sur ton blog via les Materneuses et en le parcourant j'ai lu le récit de ton accouchement.<br /> C'est si récent, ta souffrance doit être si grande, je t'envoie beaucoup de compassion et de belles pensées pour toi et ton homme que vous puissiez traverser cette épreuve sans trop de dégâts afin de faire un petit frère ou une petite soeur à Erwann quand vous vous sentirez prêts.
J
oui plein de respect de tendresse et de compassion pour toi et toute ta famille .......;;
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